La rivière des Outaouais est une des plus belles et des plus riches en histoire de l’Amérique du Nord. Des peuples des Premières Nations vivaient sur ses rives depuis déjà 6 000 ans lorsque les premiers Européens firent leur apparition. Le peuple Algonquin, en particulier, détenait le contrôle du commerce sur la rivière entre ce qui est maintenant Montréal et les Grands Lacs. Ils imposaient une taxe sur tous les biens échangés dans ce corridor. C’est grâce à la rivière que le cuivre, l’obsidienne, le silex et les fanons de baleine ont pu se répandre à travers le continent.
Leur rôle d’intermédiaire s’est perpétué à l’arrivée des Européens, dont Samuel de Champlain, qui recherchaient des pelleteries, surtout de castor, au début du 17e siècle. En échange, les peuples des Premières Nations désiraient des objets utilitaires qui facilitaient leur vie : haches, marmites, hameçons, aiguilles et fils, et autres objets.
Avec le temps, la suprématie des Algonquins sur la rivière diminua et les Français commencèrent à transiger directement avec les tribus de chasseurs. C’est au milieu du 17e siècle que commença la période des intrépides voyageurs. C’est aussi à ce moment que commença l’exploration du continent, les voyageurs allant toujours plus loin à l’intérieur des terres à la recherche de fourrures. La rivière des Outaouais était toujours le point de départ de toutes ces expéditions. Ce n’était pas une mince tâche que de naviguer sur cette rivière qui passait de paisible à tumultueuse plusieurs fois au long de son parcours.
La concurrence entre les Britanniques et les Français pour le commerce des fourrures se faisait de plus en plus féroce. Elle se conclut par la victoire des Britanniques, ratifiée par le Traité de Paris, qui mettait fin à la Guerre de Sept Ans en Europe, et qui concédait aux Britanniques les colonies françaises de l’Amérique du Nord.
Les voyageurs continuèrent à sillonner le continent à la recherche de pelleteries en empruntant la rivière des Outaouais. Cependant, l’industrialisation naissante en Europe avait besoin de plus en plus du bois des gros arbres qui peuplaient les forêts le long de la rivière. C’est ainsi qu’on vit émerger l’industrie forestière – l’activité nourricière de la région – au début du 19e siècle. Les travailleurs de la rivière des Outaouais sont devenus des draveurs expérimentés, amenant les billots de bois aussi loin qu’à Montréal et à Québec. Lorsque la demande britannique de bois équarri fléchit au début du 20e siècle, elle fut remplacée par la demande croissante des Américains pour la pâte à papier et le papier.